Il était une fois une petite fille,

Il était une fois une petite fille, qui ne se demandait pas ce qu’elle deviendrait car elle n’en avait rien à faire. Pourtant elle faisait, et dévidait sa vie sur un vieux rouet.

Petit à petit, en ne lâchant pas le monde de ses yeux verts.

Et petit petit était son monde.

Quoiqu’il prît le large assez facilement et sans crier gare par les champs et les bois, mais il suffisait de bien le tenir en lisière pour qu’il n’échappât pas complètement au regard.

Le monde avait la taille d’une cour d’école, d’une entrée de mairie et d’une rue en pente qui dévalait jusqu’à une fontaine…

Un monde plein de chemins, de sentiers et de bois et de ronces et de lilas aux branches de cerisiers, de masures dérisoires, de barrières qui s’affaissent, de murets où court peut-être encore du lierre, va savoir !

Et va savoir, maintenant qu’il a grandi, pourquoi elle s’est mise à écrire…

L’OS DE BOIS



Un hasard matois un matin l’a placé sur le chemin que j’avais failli passer.
Grossière écharde d’antan,
Il portait trace encore de l’ensevelissement.

Je l’ai ramassé et mis à ma ceinture,
Arme blanche sans éclat sous sa vieille poussière,
Mais prête à en découdre !

Me voyant si guerrier,
Le soleil s’est risqué à exsuder sa part d’ombre.

Quand je l’ai dégainé pour l’abattre sur un tibia,
Les squelettes ont feulé,
Puis, aux abois et clopinant  du péroné,
Ont filé…
Seul un crâne est resté, d’une vérité cireuse :
Moi qui suis un habitué des vanités, justement ravalé au rang de cendrier, sur ton bureau peut-être pour y recueillir le plus intime de tes incinérations,
Je ne crains pas ton simulacre, m’a-t-il dit.
S’il me cabosse et m’enfonce plus avant dans le temps, il ne te fera pas gagner ton absurde combat.

Comment ça, tête surannée, ai-je répliqué,
Entre nous,  la vie ne vient-elle pas de s’écouler ?

LSB, 4/06/13