Il était une fois une petite fille,

Il était une fois une petite fille, qui ne se demandait pas ce qu’elle deviendrait car elle n’en avait rien à faire. Pourtant elle faisait, et dévidait sa vie sur un vieux rouet.

Petit à petit, en ne lâchant pas le monde de ses yeux verts.

Et petit petit était son monde.

Quoiqu’il prît le large assez facilement et sans crier gare par les champs et les bois, mais il suffisait de bien le tenir en lisière pour qu’il n’échappât pas complètement au regard.

Le monde avait la taille d’une cour d’école, d’une entrée de mairie et d’une rue en pente qui dévalait jusqu’à une fontaine…

Un monde plein de chemins, de sentiers et de bois et de ronces et de lilas aux branches de cerisiers, de masures dérisoires, de barrières qui s’affaissent, de murets où court peut-être encore du lierre, va savoir !

Et va savoir, maintenant qu’il a grandi, pourquoi elle s’est mise à écrire…

GUADELOUPE KARUKERA - Moun Vini



Les corps blancs des Blancs sur le sable blanc des Anses,











  

Les corps noirs des Noirs sur les roches noires du volcan,











 


Et la colère de la Soufrière qui, corps importés corps déportés, les réduit ensemble  en cendres,

Aussitôt dispersées par les cyclones,

Pour que d’elles,
Sous le regard  lapidaire des Caraïbes, 
Amnistiés du temps d’antan longtemps, ils renaissent…

LSB 6/05/13