Monsieur le Député,
C’est avec surprise aussi, mais une surprise consternée et
douloureuse, que j’ai assisté, sympathisante depuis toujours du PS et «
volontaire de F. Hollande », aux expulsions de Roms de ces dernières semaines,
naturellement en plein mois d’août…
Rien pour moi, et pour beaucoup de ceux qui m’entourent, ne
justifie ce qui se passe actuellement.
J’ai le triste sentiment d’une trahison…
Le gouvernement, qui n’a pas encore compris peut-être qu’il
était au gouvernement, semble être plus dans la réaction que dans l’action. De
peur de paraître laxiste à la droite, à laquelle il semble ainsi devoir rendre des comptes, et aux électeurs du FN,
envers qui il devrait faire preuve de pédagogie plus que de démagogie, il veut
montrer une absurde « fermeté. ». Mais il oublie qu’il n’y a pas laxisme quand
il y a justice et respect des droits de l’homme. Il n’y a que déshonneur quand
on met sous le boisseau, pour des considérations électoralistes, ses
convictions ! Et mauvais calcul. Aucune voix ne sera gagnée à droite mais
beaucoup seront perdues à gauche.
Je ne considère pas estimable la popularité actuelle de M.
Valls, qu’il partage avec F. Fillon et C. Lagarde ! Je ne considère pas que les
sondages aient force de loi et qu’ils délivrent des brevets de bonne conduite.
Où est donc le courage de F. Mitterrand qui a honoré son
premier septennat par l’abolition de la peine de mort malgré une opinion
publique contraire et qui a eu l’intelligence ou le bon sens politique de le
faire en début de mandat.
Que fait-on des valeurs de la gauche qu’il fallait lors des
primaires affirmer qu’on les partageait ?
Le problème des Roms est complexe ? Certes, mais l’argument
éculé de la complexité est toujours celui qui sert à justifier une politique
inique, bien évidemment seulement compréhensible par les élites de la nation
et… le pouvoir en place. Quel mépris pour le peuple dont je fais partie et qui
n’a droit à aucune explication !
Non ! Un
démantèlement ordonné par la gauche n’est pas comparable à un démantèlement
ordonné par la droite ! Il est pire ! Parce qu’inattendu, désespérant et
inadmissible de sa part…
Non ! Le
rassemblement promis ne rime pas avec le démantèlement « sauvage » !
Non ! La cohésion
sociale ne passe pas par la discrimination !
Je ne suis pas une stupide et irréaliste et naïve « droits
de l’hommiste ».
Je ne cherche pas à accueillir toute la misère du monde,
mais je refuse de la chasser sans chercher à lui venir en aide… et en la
stigmatisant !
Comment, Monsieur le député, regarder en face ceux que nous
avions convaincus de voter pour la gauche, alors qu’ils croyaient fort peu en
ses possibilités de faire mieux que la droite, en les assurant qu’avec elle, au
moins, et c’était considérable, les efforts face à la crise seraient
équitablement répartis et que la République se montrerait juste et humaine !!!
Une circulaire interministérielle vient d’être publiée ce
matin, qui veut répondre au « double objectif de fermeté en matière de sécurité
et d’humanité dans la prise en charge des personnes. » Va-t-elle vraiment se
traduire dans les actes ?…
Je ne devrais pas en douter. Mais un certain mal a été fait,
et hélas, en ce domaine seulement j’espère, la défiance a remplacé la
confiance…
Je sympathise toujours avec le PS. Vers qui d’autre se
tourner ? Mais mon indignation et ma réprobation sont telles que j’envisage, si
la situation n’évolue pas, de poster cette lettre sur les réseaux sociaux.
Vous aviez dit, Monsieur le député, au cours des réunions
auxquelles j’ai assisté, que vous souhaitiez rester proche de vos électeurs…
Pour le moment, ma confiance en vous, dont j’ai soutenu la candidature, reste
intacte. Vous saurez donc tenir compte de mes propos.
En vous en remerciant à l’avance, je vous prie de croire,
Monsieur le Député, à l’expression de mes sentiments respectueux.
Lucette Boulanger